Et pourtant elle parle !

Savez-vous quel est le point commun entre Bécassine, pionnière de la bande-dessinée et Hello Kitty, la petite chatte copié-collé ? C'est très simple : elles n'ont pas de bouche.

Bécassine, symbole de la bêtise et de la naïveté, du mépris d'une certaine classe pour ses domestiques provinciaux, a pour lointaine descendante (car le chat descend de l'homme, il n'en est que la forme la plus aboutie, c'est bien connue, à moins que ce ne soit l'inverse d'ailleurs : le chat en son paradis perdu) une silhouette "à la tête à toto", qui rend hystérique,"kawaï" ou "kromignon" au choix, la gent féminine contemporaire, à grand renfort de rose barbie, estampillé "couleur des petites filles" depuis les années soixante-dix, et qui déteint sur les plus grandes de la génération "je ne veux pas grandir/vieillir", laquelle retombe en enfance dès qu'elle le peut en noyant sa propre progéniture sous les articles estampillés de la tête blanche au noeud-noeud rose, rappel du nom (car nous n'avons plus de mémoire) et copyright (sans contrefaçons, je suis une victime con-sentante) indispensables comme de juste.

Des douces aquarelles du début du XXème siècle, nous sommes passés à l'invasion des mugs soi-disant folkloriques, et du chat du Cheschire au tsunami des produits dérivés. Avez-vous déjà pu admirer le graphisme délicat d'un album de "Salut chaton", s'il faut traduire ? Car ce pauvre animal est affublé du nom de "Salut chaton" ! Tous les personnages ont la même tête et le même corps, les décors sont aussi réalisés avec la même technique, productivité oblige, du copier-coller, mais sans l'ironie d'un Nicolas Wild dans Kaboul Disco.

Ouh... je vais relire les Mythologies de Barthes dès que je mets la main sur un exemplaire. Un peu datées dans les références, mais plus que jamais d'actualités dans l'analyse.